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Un médicament contre le cancer du sein pour traiter les myopathies centronucléaires

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Les myopathies centronucléaires peuvent être causées par des mutations des gènes DNM2 ou BIN1. Dans un article publié dans la revue Brain, le laboratoire de Jocelyn Laporte montre, chez des souris atteintes par ces formes de myopathies, que l’administration de tamoxifène, une molécule déjà utilisée en clinique pour le traitement du cancer du sein, augmente la production de force.  Le tamoxifène diminue le taux de dynamine 2, protéine anormalement présente dans ces pathologies, et limite la faiblesse musculaire, apportant une nouvelle piste de traitement.

Gineste, C.

Les myopathies centronucléaires sont des maladies génétiques rares et sévères affectant les enfants, adolescents et adultes et menant à une faiblesse musculaire progressive pouvant s’accompagner de déficit respiratoire. Les scientifiques estiment 250 naissances dans le monde par an d’enfants atteints de myopathies centronucléaires. Aujourd’hui, aucun traitement n’est disponible pour ces maladies. Récemment, l’équipe de Jocelyn Laporte a démontré que le tamoxifène a des effets bénéfiques sur le muscle dans le cadre la myopathie myotubulaire, une forme très sévère de myopathie centronucléaire liée au chromosome X et due à des mutations dans le gène MTM1.

Dans une précédente étude, le laboratoire de Jocelyn Laporte a également mis en lumière l’implication de la quantité anormalement élevée de la dynamine 2 dans le développement des myopathies centronucléaires liées aux gènes DNM2 ou BIN1. En diminuant la quantité de cette protéine dans le muscle de modèles souris atteintes de myopathies centronucléaires, ils sont parvenus à corriger la faiblesse musculaire. L’une des pistes étudiées pour contrecarrer le développement de la maladie est liée à la diminution de dynamine 2.

Dans cette étude, les chercheurs montrent que l’administration de tamoxifène améliore la contractilité des muscles d’animaux modèles des myopathies causées par des mutations dans les gènes DNM2 et BIN1. Cette amélioration est associée à une diminution de la quantité de dynamine 2. La diminution de dynamine 2 est elle-même corrélée à une diminution de la culline 3, une protéine jouant un rôle dans la dégradation des protéines par le système ubiquitine-protéasome. Les chercheurs identifient ce système comme cible principale du tamoxifène.

Les effets bénéfiques du tamoxifène sur la fonction musculaire chez les souris modèles des myopathies causées par des mutations dans les gènes DNM2 et BIN1 indiquent que cette molécule est une piste de stratégie thérapeutique commune pour plusieurs formes de myopathies centronucléaires afin de limiter le développement de la faiblesse musculaire. Ainsi, ce travail supporte le re-positionnement d’un traitement du cancer pour améliorer les myopathies.