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Amélie Piton, chercheuse en génétique et physiopathologie de maladies neurodéveloppementales

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Les troubles neurodéveloppementaux sont des maladies qui ont des conséquences significatives sur l’autonomie de l’individu, ses compétences verbales, motrices et sociales. Regroupant un grand nombre de pathologies dont l’origine resté liée au développement des réseaux de neurones du cerveau, ce terme décrit des réalités très diverses et dont les origines et mécanismes fondamentaux sont encore à explorer. Amélie Piton, Maîtresse de conférences universitaires et Praticienne hospitalière à l’IGBMC, étudie cette question pour tenter d’en comprendre les aspects génétiques et les mécanismes impliqués.

Les troubles neurodéveloppementaux : des troubles variés mais possédant des origines communes

Le terme de trouble neurodéveloppemental (TND) recouvre un nombre important de pathologies. Dans cette catégorie de troubles, nous retrouvons notamment :

  • Les déficiences intellectuelles ;
  • Les troubles du spectre autistique ;
  • Les épilepsies d’origine neurodéveloppementale.

Il existe une comorbidité importante entre ces troubles, impliquant des processus sous-jacents en commun. Par exemple, une personne ayant un trouble du spectre autistique aura des chances plus importantes d’être aussi sujette à des crises d’épilepsies d’origine neurodéveloppementale. Ces TND regroupent un ensemble de maladies rares, dont de nombreuses sont d’origine génétique. Avec plus de 1000 gènes identifiés comme impliqués dans ces pathologies, l’enjeux actuel dans la recherche sur les TND est d’identifier de nouveaux gènes impliqués et de mieux comprendre les conséquences cliniques et moléculaires des mutations, afin d’améliorer le diagnostic et la prise en charge et de développer d’éventuelles approches thérapeutiques.

 

Mieux comprendre les aspects génétiques et moléculaires des TND et le lien avec leurs manifestations cliniques

A l’IGBMC, les recherches d’Amélie Piton portent sur les mécanismes génétiques et moléculaires impliqués dans les TND ainsi que sur les corrélations entre le génotype et le phénotype.

Ainsi, la chercheuse travaille sur différents volets :

  • l’identification de nouveaux gènes impliqués dans les TND grâce aux nouvelles technologies de séquençage ;
  • la compréhension des conséquences moléculaires des mutations dans ces gènes ;
  • la caractérisation des conséquence cliniques de ces mutations et l’établissement de corrélations entre les mutations génétiques et leurs manifestations cliniques.

Récemment, Amélie Piton et son équipe ont notamment mis en lumière le rôle de mutations du gène NOVA2 dans les TND. En collaboration avec la plateforme Genomeast et avec l’aide du service de culture cellulaire de l’IGBMC, les scientifiques ont utilisé des cellules souches neurales dans lesquels ils ont inactivé ce gène. Ainsi, ils ont identifié des gènes dont la régulation de l’épissage, le mécanisme qui permet d’éliminer les séquences de l’ADN non-codantes, est altérée en absence de NOVA2 chez l’homme. Ces gènes sont impliqués dans la régulation de l’établissement des connections cérébrales, ce qui est cohérent avec les anomalies observées chez les patients et les modèles animaux au niveau de la jonction entre les hémisphères gauche et droit du cerveau (agénésie du corps calleux).

Pour en savoir plus, vous pouvez consulter cet article.

 

En autre exemple de travaux menés par Amélie Piton, vous pouvez consulter cet article qui porte sur la caractérisation clinique et moléculaire de mutations génétiques dans le gène DYRK1A, une forme génétique fréquente de TND.

 

Le parcours d’Amélie Piton

Diplômée d’un DEA en génétique multifactorielle en 2001, Amélie Piton réalise une thèse sur le cancer du foie et des molécules protectrices contre ce type de cancer jusqu’en 2005. Elle réalise son premier post-doctorat au Centre Hospitalier de l’Université de Montréal, dans l’équipe de Guy Rouleau, où elle travaille sur l’identification de gènes impliqués dans les troubles du spectre de l’autisme sur le chromosome X.

En 2011, Amélie Piton rejoint l’équipe de Jean-Louis Mandel à l’IGBMC en tant que post-doctorante pour travailler sur l’identification de facteurs génétiques et environnementaux (testostérone) impliqués dans les TND, où elle met au point un test de diagnostic génétique des TND basés sur les nouvelles approches de séquençage. Elle obtient le titre de Maîtresse de conférence universitaire – Praticienne hospitalière en 2014. En 2020, la scientifique arrive à la co-direction de l’équipe Génétique et physiopathologie de maladies neurodéveloppementales avec Hervé Moine.

Actuellement, l’activité d’Amélie Piton consiste en trois volets principaux : recherche, pratique hospitalière et enseignement. Ainsi, elle partage son temps entre le CHU de Strasbourg, l’IGBMC et les différents lieux de formation où elle intervient. La chercheuse est impliquée dans des enseignements au sein de différentes formations à Strasbourg (faculté de médecine, ESBS, Master) ainsi que dans des masters et des diplômes universitaires à Paris, Rennes ou Dijon.